Ākāśa आकाश ◦ Blog

À la demande | Yogasūtra

◦ 12 podcasts audio, les deux premières séances ci dessous sont gratuites, voyez si le projet vous plaît. L'enseignement va jusqu'au sūtra III.8, je sais par expérience que la suite ne doit pas être donnée tant que l'essentiel n'est pas intégré ! 
◦ La traduction utilisée est spécialement remaniée à partir de celle d'Alyette Degrâces, le vocabulaire essentiel est remis en Sanskrit afin d'apprendre à se passer des faux amis inhérents au Français.
◦ La participation financière est de 72 euros pour l’ensemble, c'est simple vous m'envoyez un mail, je vous explique comment faire pour déverrouiller tous les podcasts. 

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Yogasūtra & sāṃkhya datent du début de notre ère, ce sont deux des six darśana, points de vue sur le réel. Ces enseignements sont conçus comme des aides mémoires qui ouvrent sur 1500 ans de tradition plus ancienne, les premières upaniṣad et bien sûr les fameux Veda. En étudiant sérieusement les yogasūtra, ce sont ces Veda et ces upaniṣad qui sont aussi abordées. C’est le sens de l’enseignement, de plonger aux racines et de s'étendre jusqu'aux tantra qui furent composés dans les siècles suivants. Le point de vue shivaïte est pour moi évident, il est omniprésent, il est inhérent à mon style de vie. 

Joachim 06 09 02 59 48
joachim.vallet@gmail.com


Yogasūtra séance #1
Mānḍūkya upaniṣad

La Māṇḍūkya upaniṣad est la plus récente des upanishad anciennes, elle est aussi la plus succincte avec ses 12 versets. Elle clôt 1500 ans d’enseignement védique et en serait la quintessence. Une image de la condition humaine y est donnée comme l’oscillation entre deux états, de veille et de rêve … et un troisième état, purement connaissant, inaccessible à l’intellect … et un quatrième dont rien ne saurait être dit … le mystère apparaît … silence … absolue Parole … bráhman !

La Māṇḍūkya upaniṣad a été en son temps, juste avant le début de notre ère, l'ultime enseignement, l'ultime véda … le veda-anta. Une page de l'Histoire se tournait et le sous-continent Indien passait lentement de l'Antiquité à l'époque médiévale. Les royaumes s’agrandissaient, la parole s'y adaptait et le verbe yôgh’ devenait important pour deux mille ans et peut-être plus…



Oṃ ! O dieux, puissions-nous entendre
ce qui est bénéfique avec nos oreilles ;

puissions-nous, alors que nous sacrifions,
voir ce qui est bénéfique avec nos yeux ;

et célébrant avec des membres et des corps fermes
puissions-nous bénéficier de la vie établie par les dieux.

Qu'Indra à la grande gloire nous accorde la prospérité,
que Pūṣan le tout-connaissant nous accorde la prospérité,
que Tārkṣya (Garuda) au chemin dégagé nous accorde la prospérité,
que Bṛhaspati nous accorde la prospérité.
Oṃ ! śānti ! śānti ! śānti !
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Māṇḍūkya upaniṣad

1. Ce Tout est la syllabe Oṃ. En voici l'explication : ce qui fut, ce qui est, ce qui sera  –  ce Tout n'est que la syllabe  Oṃ. Et ce qui est autre, qui est au-delà  des trois temps, cela aussi est la syllabe  Oṃ.

2. Car le  brahman est ce Tout. Le brahman est cet ātman, et cet ātman a quatre quarts.

3. L'état de veille, connaissant ce qui est extérieur, ayant sept membres, dix-neuf bouches, faisant l'expérience du grossier, est  Vaiśvānara « l'universel »  –  le premier quart.

4. L'état de rêve, connaissant ce qui est intérieur, ayant sept membres, dix-neuf bouches, faisant l'expérience du subtil, est Taijasa « le lumineux » – deuxième quart.

5. Lorsque, endormi, on ne désire aucun désir, on ne voit aucun rêve, c'est le sommeil profond. L'état de sommeil profond est un, il est un seul bloc de connaissance car, fait de félicité, il fait l'expérience de la félicité. Il est la bouche de la conscience, il est le connaissant (prājña) – troisième quart.

6. C'est lui le Seigneur de tout, lui le connaisseur de tout, lui le maître intérieur ; il est la matrice de tout, car l'origine et la fin des êtres.

7. Ni connaissant ce qui est intérieur, ni connaissant ce qui est extérieur, ni connaissant l'un et l'autre ensemble, ni bloc de connaissance, ni connaissant ni non-connaissant, ni visible, ni lié à l'action, insaisissable, indéfinissable, impensable, innommable, essence de la connaissance d'ātman unique, ce en quoi le monde se résorbe, tout de paix, bienveillant, non duel – on le considère comme le Quatrième. C'est lui ātman qu'il faut discerner.

8. Ce même ātman quant à la syllabe, est le son Oṃ. Quant à ses mesures (mātra), les mesures sont les quarts (pāda) et les quarts sont les mesures : le son A, le son U, le son M.

9. L'état de veille, l'universel, Vaisvānara, est le son A, la première mesure en raison de l'obtention (āpti) et de la primauté (ādimattva). Il obtient en vérité tous les désirs, il devient le premier, celui qui sait ainsi.

10. L'état de rêve, le lumineux, Taijasa, est le son U, la deuxième mesure en raison de son élévation (utkarṣa) et de son ambivalence (ubhayatva). Il élève en vérité une continuité de connaissance, il devient égal, celui qui sait ainsi. Il n'y a pas d'ignorant du brahman dans sa famille.

11. L'état de sommeil profond, le connaissant, Prājña, est le son M, la troisième mesure en raison de sa construction (miti) et de sa résorption (apῑti). Il construit en vérité ce Tout et en devient la résorption, celui qui sait ainsi.

12. Le Quatrième est sans mesure (amātrā). Non lié à l'acte, il est ce en quoi le monde se résorbe, il est bienveillant, non-duel. Ainsi ce Soi est le son Oṃ. Il entre par ātman dans ātman, celui qui sait ainsi.

Les upaniṣad - Alyette Degrâces - Fayard 2014


Yogasūtra séance #2
Les quatre premiers sūtra

Tout l’enseignement de yoga est donné sous forme condensée dans les quatre premiers sūtra du yogasūtra, ça semble incroyable mais c’est vrai. En quatre aphorismes, tout est posé mais chaque mot compte pour mille mots. Aujourd’hui tout sera dit et à la fois ce ne sera que le point de départ d’une grande aventure qui progressivement, nous engagera à reconsidérer nos relations avec la langue et notre engagement dans l’existence.



Livre I : samādhi pāda

I.1 atha yogānuśāsanam
À présent l’enseignement reconnu de yoga :

I.2 yogaścittavṛttinirodhaḥ
Yoga est contrôle des cittavṛtti

I.3 tadā draṣṭuḥ svarūpe'vasthānam
En ce cas s’établit le voyant dans sa vraie nature.

I.4 vṛttisārūpyam itaratra
Autrement, c’est l’identification aux vṛtti.


Yogasūtra séance #3
Citta-vṛtti

Le mot composé citta-vṛtti, présent dans le 2e sūtra est maintenant défini de façon détaillée et en cinq points. N'oubliez pas, il s'agit de la façon dont chacun entre en relation vraie ou bien erronnée à ce qui advient. N'oubliez pas, cela fera un cycle, une vṛtti quoi qu'il arrive, permettant connaissance ou provoquant ignorance. 



I.5 vṛttayaḥ pañcatayyaḥ kliṣṭākliṣṭāḥ
De cinq sortes, les vṛtti sont douloureuses et non douloureuses :

I.6 pramāṇaviparyayavikalpanidrāsmṛtayaḥ
Pramāṇa (mesure de connaissance), viparyaya (connaissance par opposition), vikalpa (imagination), nidrā (sommeil), smṛti (mémoire).

I.7 pratyakṣānumānāgamāḥ pramāṇāni
Pratyakṣa (perception), anumāna (inférence), āgama (connaissance de la Parole) sont les pramāṇa.

I.8 viparyayo mithyājñānam atadrūpapratiṣṭham
viparyaya est une connaissance fausse qui s’appuie sur une forme qui n’est pas sienne.

I.9 śabdajñānānupātī vastuśūnyo vikalpaḥ
Ce qui suit une connaissance verbale, qui est vide de substance, c’est vikalpa.

I.10 abhāvapratyayālambanā vṛttir nidrā
La vṛtti qui a pour support un contenu d’absence, c’est nidrā.

I.11 anubhūtaviṣayāsampramoṣaḥ smṛtiḥ
Le non-enlèvement d’un objet dont on a fait l’expérience est smṛti.


Yogasūtra séance #4
Abhyāsa & vairāgya

Le mot nirodha, présent dans le 2e sūtra est maintenant défini de façon détaillée. N'oubliez pas, nirodha signifie "tenir fermement" comme dans la main. Eh bien cela consiste en une pratique, c'est à dire une répétition détachée de toute attente, exactement comme les musiciens ou les danseurs répètent, pratiquent leur art.



I.12 abhyāsavairāgyābhyāṁ tannirodhaḥ
Par abhyāsa (répétition) et vairāgya (détachement), leur contrôle.

I.13 tatra sthitau yatno'bhyāsaḥ
Des deux, l’effort pour la stabilité est abhyāsa.

I.14 sa tu dīrghakālanairantaryasatkārāsevito dṛḍhabhūmiḥ
Mais celle-ci n’est une terre ferme que servie longtemps, sans interruption et avec un soin respectueux.

I.15 dṛṣṭānuśravikaviṣayavitṛṣṇasya vaśīkārasamjñā vairāgyam
Pour qui est libre de la soif des objets vus ou entendus, vairāgya est la conscience qui impose sa loi.

I.16 tatparaṁ puruṣakhyāter guṇavaitṛṣṇyam
Le plus extrême [détachement] vient de la connaissance de Puruṣa : c’est l’état de non soif pour les guna (qualités).


Yogasūtra séance #5
Samādhi



I.17 vitarkavicārānandāsmitārūpānugamāt-samprajñātaḥ
Accompagné de vitarka (raisonnement), de vicāra (discernement), d’ānanda (joie) et d’asmitā (sens de "je suis"), [samādhi] est avec connaissance [samprajñāta-samādhi]

I.18 virāmapratyayābhyāsapūrvaḥ saṁskāraśeṣo'nyaḥ
Précédé de "abhyāsa de la connaissance par cessation" est l’autre [a-saṃprajñāta-samādhi], en qui restent les saṃskāra (empreintes actives).

I.19 bhavapratyayo videhaprakṛtilayānām
Ceux qui sont libérés du corps ou absorbés dans la prakṛti [en] ont une connaissance de naissance.

I.20 śraddhāvīryasmṛtisamādhiprajñāpūrvaka itareṣām
Pour les autres, il est précédé de śraddhā (confiance), vīrya (énergie), smṛti (mémoire), samādhi et prajñāpūrvaka (connaissance en acte).

I.21 tīvrasaṁvegānām āsannaḥ
Il est proche pour ceux qui ont une détermination intense ;

I.22 mṛdumadhyādhimātratvāt tato'pi viśeṣaḥ
là aussi il existe une différenciation du fait qu’elle est douce, moyenne ou intense.


Yogasūtra séance #6
Īśvarapraṇidhāna



I.23 īśvarapraṇidhānād vā
Ou du fait de īśvarapraṇidhāna (tout placer dans le Seigneur).

I.24 kleśakarmavipākāśayair aparāmṛṣṭaḥ puruṣaviśeṣa īśvaraḥ
Īśvara est un puruṣa particulier non touché par kleśa (douleur), karma (actes), vipāka (résultats) et āśaya (espace [des intentions]).

I.25 tatra niratiśayaṁ sarvajñavījam
En lui, le germe de l’omniscient est insurpassé.

I.26 sa eṣa pūrveṣām api guruḥ kālenānavacchedāt
C’est aussi le maître des anciens en raison de sa non-limitation par le temps.

I.27 tasya vācakaḥ praṇavaḥ
Le praṇava est ce qui le désigne ;

I.28 tajjapas tadarthabhāvanam
sa répétition continue, la manifestation de son sens.

I.29 tataḥ pratyakcetanādhigamo 'py antarāyābhāvaśca
De là, la compréhension de pratyak-cetana (conscience-intérieure) et aussi l’absence d’obstacles.


Yogasūtra séance #7
Obstacles et prévention



I.30 vyādhi-styāna-saṁśaya-pramādālasyāvirati-bhrāntidarśanālabdhabhūmikatvānavasthitatvāni cittavikṣepās te 'ntarāyāḥ
Maladie, lourdeur d’esprit, doute, négligence, paresse, non-tempérance, vision d’égarement, non atteinte d’un état, instabilité – ces distractions de citta sont les obstacles.

I.31 duḥkhadaurmanasyāṅgamejayatva-śvāsapraśvāsā vikṣepasahabhuvaḥ
Duḥkha, daurmanasya (angoisse), tremblement du corps, inspir-expir sont inhérents à ces distractions.

I.32 tatpratiṣedhārtham ekatattvābhyāsaḥ
Pour leur prévention, la pratique d’un seul tattva (réalité).

I.33 maitrīkaruṇāmuditopekṣāṇāṁ sukhaduḥkhapuṇyāpuṇyaviṣayāṇāṁ bhāvanātaścittaprasādanam
De la manifestation d’amitié, de compassion, de joie, d’inférence à leur objet (le bonheur, le malheur, le mérite et le non-mérite) vient la transparence de citta ;

I.34 pracchardanavidhāraṇābhyāṁ vā prāṇasya
ou de l’expiration et de la suspension du prāṇa (souffle) ;

I.35 viṣayavatī vā pravṛttir utpannā manasaḥ sthitinibandhinī
ou une activité élevée liée aux objets des sens cause la stabilité de manas ;

I.36 viśokā vā jyotiṣmatī
ou un état sans souffrance et lumineux ;

I.37 vītarāgaviṣayaṁ vā cittam
ou citta dont l’objet est la disparition de l’attachement ;

I.38 svapnanidrājñānālambanaṁ vā
ou qui a pour support la connaissance du rêve (svapna) et du sommeil (nidrā) ;

I.39 yathābhimatadhyānād vā
ou par dhyāna selon son désir ;

I.40 paramāṇuparamamahattvānto 'sya vaśīkāraḥ
sa souveraineté va de l’infiniment petit à l’infiniment grand.


Yogasūtra séance #8
Samāpatti & samādhi



I.41 kṣīṇavṛtter abhijātasyeva maṇer grahītṛgrahaṇagrāhyeṣu tatsthatadañjanatā samāpattiḥ
[Pour citta] aux vṛtti affaiblies, tel un cristal transparent, prendre la couleur de ce sur quoi il repose - qu’il s’agisse du connaisseur, de la connaissance ou de l’objet à connaître - , c’est la samāpatti :

I.42 tatra śabdārthajñānavikalpaiḥ saṅkīrṇā savitarkā samāpattiḥ
là où se mêlent les options de mot, d’objet et de connaissance, la samāpatti est sa-vitarkā (avec raisonnement) ;

I.43 smṛtipariśuddhau svarūpaśūnyevārthamātranirbhāsā nirvitarkā
la smṛti parfaitement purifiée, [la samāpatti] comme vidée de sa nature propre, brillant selon son seul objet, est nir-vitarkā (sans raisonnement) ;

I.44 etayaiva savicārā nirvicārā ca sūkṣmaviṣayā vyākhyātā
c’est précisément par elle [la smṛti] que [la samāpatti] avec discernement et sans discernement, dont l’objet est subtil, est décrite ;

I.45 sūkṣmaviṣayatvaṁ cāliṅgaparyavasānam
et la sphère du subtil a son terme dans l’absence de signe -

I.46 tā eva sabījaḥ samādhiḥ
celles-ci sont précisément samādhi avec bīja (germe).

I.47 nirvicāravaiśāradye'dhyātmaprasādaḥ
Dans la profonde expérience de [samāpatti/samādhi] sans discernement est la "transparence du Soi" (dhyātman).

I.48 ṛtambharā tatra prajñā
La connaissance en acte là est porteuse d’un ordre ;

I.49 śrutānumānaprajñābhyām anyaviṣayā viśeṣārthatvāt
son objet est autre que [ceux] des connaissances par audition/par la parole et par inférence, car elle a pour objet le [tout] différent.

I.50 tajjaḥ saṁskāro 'nyasaṁskārapratibandhī
Le saṃskāra (empreinte active) qui en naît fait entrave aux autres saṃskāra ;

I.51 tasyāpi nirodhe sarvanirodhān nirbījaḥ samādhiḥ
par le contrôle de cela même, du fait qu’il y a contrôle de tout, le samādhi est sans bīja (germe).


Yogasūtra séance #9
Livre II | Kriyāyoga & kleśa



Livre II : sādhana pāda

II.1 tapaḥsvādhyāyeśvarapraṇidhānāni kriyāyogaḥ
Tapas (ascèse), svādhyāya (étude), īśvarapraṇidhāna (tout placer dans le Seigneur), c’est kriyāyoga (yoga de l’action).

II.2 samādhibhāvanārthaḥ kleśatanūkaraṇārthaśca
Son but est samādhi-bhāvana et son but, l’atténuation des kleśa.

II.3 avidyāsmitārāgadveṣābhiniveśāḥ pañca kleśāḥ
Avidyā (ignorance), asmitā (sens de “je suis“), rāga (attraction), dveṣa (aversion), abhiniveśa (enfermement dans l’existence) sont les kleśa.

II.4 avidyā kṣetramuttareṣāṁ prasuptatanuvicchinnodārāṇām
Avidyā est le champ (kṣetra) des suivantes, qu’elles soient en sommeil, atténuées, interrompues ou intensément actives.

II.5 anityāśuciduḥkhānātmasu nityaśucisukhātmakhyātir avidyā
Le non-permanent, le non-pur, duḥkha, anātman, l’appeler permanent, pur, sukha, ātman c’est avidyā.

II.6 dṛgdarśanaśaktyor ekātmatevāsmitā
Voyant (dṛś) et vision (darśana), ce qui est comme l’unité de ces deux śakti (puissances) est asmitā (sens de “je suis“).

II.7 sukhānuśayī rāgaḥ
Ce qui est lié à sukha est rāga.

II.8 duḥkhānuśayī dveṣaḥ
Ce qui est lié à duḥkha est dveṣa.

II.9 svarasavāhī viduṣo 'pi tathārūḍho 'bhiniveśaḥ
Ce qui découle de son propre sentiment, même pour celui qui sait, et croît ainsi est abhiniveśa.

II.10 te pratiprasavaheyāḥ sūkṣmāḥ
Les [kleśa] subtiles peuvent être évitées par un retour à l’origine.

II.11 dhyānaheyās tadvṛttayaḥ
Les vṛtti [des kleśa] peuvent être évitées par dhyāna.


Yogasūtra séance #10
Karmāśaya & Saṃyoga



II.12 kleśamūlaḥ karmāśayo dṛṣṭādṛṣṭajanmavedanīyaḥ
Karmāśaya (réservoir des actes) a sa racine (mūla) dans les kleśa, il peut être connu à travers lesnaissances visibles et invisibles ;

II.13 sati mūle tadvipāko jātyāyurbhogāḥ
tant que subsiste sa racine (mūla), [āśaya : réservoir, espace, intention] a pour développement les conditions d’existence, le temps de vie, les expériences (bhoga) :

II.14 te hlādaparitāpaphalāḥ puṇyāpuṇyahetutvāt
ceux-ci ont comme fruits la joie ou la peine pour cause de mérite ou de non-mérite.

II.15 pariṇāmatāpasaṁskāraduḥkhair guṇavṛttivirodhācca duḥkhameva sarvaṁ vivekinaḥ
Par les duḥkha dus au changement, à la détresse, aux saṃskāra et du fait de la contradiction des guṇa-vṛtti, tout vraiment est duḥkham pour "qui discerne" (vivekin - viveka).

II.16 heyaṁ duḥkhamanāgatam
Est évitable le duḥkha non encore venu.

II.17 draṣṭṛdṛśyayoḥ saṁyogo heyahetuḥ
Le saṃyoga (conjonction) du draṣṭṛ (voyant) et du dṛśya (visible) est cause de l’évitable.

II.18 prakāśakriyāsthitiśīlaṁ bhūtendriyātmakaṁ bhogāpavargārthaṁ dṛśyam
Dṛśya (le visible) est de la nature de prakāśa (illumination), de kriyā (activité), de sthiti (stabilité) ; constitué des bhūta (éléments) et des indriya (organes), il a pour but bhoga (expérience) et apavarga (libération).

II.19 viśeṣāviśeṣaliṅgamātrāliṅgāni guṇaparvāṇi
Le particulier et le non-particulier, le différencié et le non-différencié sont les étapes des guṇa.

II.20 draṣṭā dṛśimātraḥ śuddho 'pi pratyayānupaśyaḥ
Draṣṭṛ (le voyant) est dṛśi-mātra (pure vision) ; bien que pur, il perçoit par pratyaya (représentation).

II.21 tadartha eva dṛśyasyātmā
Son objet même est l’ātman du dṛśya (visible) ;

II.22 kṛtārthaṁ prati naṣṭamapyanaṣṭaṁ tadanyasādhāraṇatvāt
bien que détruit quand l’objet est accompli, il n’est pas détruit du fait d’être commun à d’autres.

II.23 svasvāmiśaktyoḥ svarūpopalabdhihetuḥ saṁyogaḥ
Ce qui cause la compréhension de la nature propre des deux śakti - ce qui est à soi (sva) et le maître du soi (svāmin) - est saṃyoga.

II.24 tasya heturavidyā
Sa cause est avidyā ;

II.25 tadabhāvātsaṁyogābhāvo hānaṁ taddṛśeḥ kaivalyam
de son absence [il s’ensuit] une absence de saṃyoga : c’est l’évitement, l’autonomie de la vision.

II.26 vivekakhyātiraviplavā hānopāyaḥ
La connaissance par viveka sans trouble est moyen de l‘évitement.

II.27 tasya saptadhā prāntabhūmiḥ prajñā
Prajñā, l’état sublime a sept formes.


Yogasūtra séance #11
Aṣṭāṅga | yama & niyama



II. 28 yogāṅgānuṣṭhānādaśuddhikṣaye jñānadīptirāvivekakhyāteḥ
Par l’accomplissement des yoga-aṅga, une fois a-śuddhi (impureté) détruite, la lampe de jñāna (connaissance) parvient à viveka-khyāti (connaissance-discernement).

II.29 yama-niyama-asana-prāṇāyāma-pratyāhāra-dhāraṇā-dhyāna-samādhayo 'ṣṭāvaṅgāni
Yama (maîtrise), niyama (délimitations), āsana (assise), prānāyāma (maîtrise du souffle), pratyāhāra (retrait), dhāranā, dhyāna, samādhi, aṣṭa-aṅgāni (huit membres).

II.30 ahiṁsāsatyāsteyabrahmacaryāparigrahā yamāḥ
Ahiṃsā (non-nuisance), satya (réalité/vérité), asteya (non-vol), brahmacarya (conduite selon brahman), aparigraha (non-saisir), sont yama ;

II.31 jāti-deśa-kāla-samaya-an-avacchinnāḥ sārvabhaumā mahā-vratam
quand elles ne sont pas limitées par la naissance, le lieu, le temps, les circonstances, qu’elles concernent toute la terre, c’est le grand vœu.

II.32 śaucasantoṣatapaḥsvādhyāyeśvarapraṇi-dhānāni niyamāḥ
Śauca (purification), saṃtoṣa (contentement), tapas (ascèse), svādhyāya (étude), īśvarapraṇidhāna (tout placer dans le Seigneur), sont niyama (délimitation).

II.33 vitarkabādhane pratipakṣabhāvanam
En cas de blocage du raisonnement (vitarka), susciter l’opinion contraire.

II.34 vitarkā hiṁsādayaḥ kṛtakāritānumoditā lobhakrodhamohapūrvakā mṛdumadhyādhimātrā duḥkha-a-jñāna-ananta-phalā iti pratipakṣabhāvanam
Dire que les pensées de nuisance, etc…, sont réalisées, causées et permises par l’avidité, la colère, l’égarement, qu’elles ont un degré doux, moyen, intense, et des fruits infinis de duḥkha et d’ignorance, c’est susciter l’opinion contraire.

II.35 ahiṁsāpratiṣṭhāyāṁ tatsannidhau vairatyāgaḥ
En s’appuyant sur ahiṃsā, dans sa proximité est l’abandon de l’hostilité.

II.36 satyapratiṣṭhāyāṁ kriyāphalāśrayatvam
En s’appuyant sur satya, il y a appui de l’acte (kriyā) et du fruit (phalā).

II.37 asteyapratiṣṭhāyāṁ sarvaratnopasthānam
En s’appuyant sur asteya, l’apparition de tous les joyaux.

II.38 brahmacaryapratiṣṭhāyāṁ vīryalābhaḥ
En s’appuyant sur brahmacarya, l’obtention de vīrya (énergie).

II.39 aparigrahasthairye janmakathantāsambodhaḥ
Par la fermeté d’aparigraha, il y a compréhension de la question de la naissance.

II.40 śaucātsvāṅgajugupsā parairasaṁsargaḥ
De śauca viennent le désir de se garder de son propre corps, le non-contact physique avec les autres

II.41 sattvaśuddhisaumanasyaikāgryendriya-jayātmadarśana yogyatvāni ca
et les capacités de "purification de l’état connaissant" (sattva-śuddhi), d’un mental juste (saumanasya), de concentration en un point (ekāgrya), de conquête des sens (indriya-jaya), de vision du Soi (ātma-darśana).

II.42 saṃtoṣādanuttamaḥ sukhalābhaḥ
De saṃtoṣa, l’obtention de suprême sukha.

II.43 kāyendriyasiddhiraśuddhikṣayāttapasaḥ
Les siddhi du corps (kāya) et des indriya vient de la destruction de l’impureté par tapas.

II.44 svādhyāyād iṣṭadevatāsamprayogaḥ
Par svādhyāya, l’union totale avec une divinité choisie.

II.45 samādhisiddhir īśvarapraṇidhānāt
L’accomplissement de samādhi, du fait de īśvarapraṇidhāna.


Yogasūtra séance #12
Aṣṭāṅga de Āsana à Saṃyama



II.46 sthirasukham āsanam
Sthira-sukham l’assise (STHĀ : se tenir, se dresser),

II.47 prayatnaśaithilyānantasamāpattibhyām
par relâche de l’effort et infinie samāpatti ;

II.48 tato dvandvānabhighātaḥ
de là, la non-destruction par les dvandva (couples d’opposés).

II.49 tasminsati śvāsapraśvāsayorgativicchedaḥ prāṇāyāmaḥ
Cela étant, la séparation du mouvement de l’inspir et de l’expir est prānāyāma :

II.50 bāhyābhyantarastambhavṛttir deśakālasaṅkhyābhiḥ paridṛṣṭo dīrghasūkṣmaḥ
vṛtti extérieure, intérieure et stable selon le lieu, le temps, le nombre, elle est considérée longue et subtile ;

II.51 bāhyābhyantaraviṣayākṣepī caturthaḥ
une quatrième dépasse la sphère de l’extérieure et de l’intérieure.

II.52 tataḥ kṣīyate prakāśāvaraṇam
Alors est détruit ce qui cache prakāśa (lumière) ;

II.53 dhāraṇāsu ca yogyatā manasaḥ
et manas a capacité pour dhāranā.

II.54 svaviṣayāsamprayoge cittasya svarūpānukāra ivendriyāṇāṁ pratyāhāraḥ
En l’absence d’union à leurs propres objets, comme une ressemblance à la vraie nature de citta est pratyāhāra :

II.55 tataḥ paramā vaśyatendriyāṇām
c’est alors la suprême souveraineté sur les indriya.

Livre III : vibbhūti-pāda

III.1 deśabandhaścittasya dhāraṇā
Le lien à un espace (deśa) est pour citta dhāranā (6).

III.2 tatra pratyayaikatānatā dhyānam
Là l’attention continue à l’objet de connaissance est dhyāna (7) ;

III.3 tadevārthamātranirbhāsaṁ svarūpaśūnyamiva samādhiḥ
celle-ci dans la manifestation du seul objet, comme vide de sa propre forme est samādhi (8).

III.4 trayamekatra saṁyamaḥ
La triade ensemble, c’est samyama ;

III.5 tajjayāt prajñālokaḥ
de sa conquête : la lumière de prajña ;

III.6 tasya bhūmiṣu viniyogaḥ
son application est par étapes.

III.7 trayamantaraṅgaṁ pūrvebhyaḥ
La triade est un membre plus intérieur que les précédents,

III.8 tadapi vahiraṅgaṁ nirbījasya
mais elle est un membre extérieur au [samādhi] sans germe.


Les yogasūtra - Alyette Degrâces - Fayard 2004

Joachim 06 09 02 59 48
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